"Correspondants" - Débat sur "France Info tv"

La visite du pape à Marseille axé sur l'obligation d'accueil et de protection des migrants en Méditerrannée - de mon point de vue, "à certains égard la principale manifestation en France contre la montée de l'extrême-droite depuis 2002".

 

Durant cette émission j’ai eu l’occasion d’expliquer en quoi la teneur de la visite du pape à Marseille, c’est-à-dire son discours maintes fois répété en faveur de l’accueil des migrants, marquait,  selon moi, « à certains égards, la principale manifestation en France contre la montée de l’extrême-droite depuis 2002 » (J’affirme cela, sans pour autant m’aligner sur la totalité de son discours en la matière, mais par respect pour cette courageuse tentative du pape de contrer la poussée de l’extrême-droite. Ma prise de parole sur le sujet intervient dans le replay environ à : 00 : 05 : 40)

 

Mais j’ai également constaté que cette visite coïncidait avec un affaiblissement des forces catholiques de gauche et de centre-gauches. Celles-ci s’étaient amplifiées depuis Vatican Deux, avaient joué un rôle décisif lors du soulèvement de Mai 1968 (à travers les prêtres ouvriers et les « Jeunesses ouvrières chrétiennes », notamment dans l’ouest de la France), jeté les bases de la « Deuxième gauche » (qui allait bientôt supplanter le Parti communiste encrouté et soumis au Kremlin), contribué à la refondation du PS et l’arrivée de l’union de la gauche au pouvoir en 1981, et présidé à la fondation de la CFDT,  devenu entre-temps la première confédération syndicale de France.  En plus, cette gauche catholique avait impulsé un tissu d’associations humanistes, qui irriguent toujours la société civile françaises.

 

Néanmoins, ces courants catholiques de gauche et réformateurs sont aujourd’hui constitués en premier lieu par des personnes d’âge mur. Ils se trouvent plutôt en porte à faux vis-à-vis d’une partie importante notamment des nouvelles générations catholiques, plus enclins à un retour à une ritualisation prononcée et un conservatisme confessionnel, et qui tendent sur l’échiquier politique en plus grand nombre qu’avant vers le centre-droit et même l’extrême-droite. Cette re-confessionnalisation conservatrice est aussi valable pour les adeptes des églises néo-protestantes, des courants juifs religieusement plus affirmés qu’avant et, bien entendu, aussi pour une part importante des jeunes générations musulmanes. Mais ces dernieres ne peuvent pas (encore ?) se rapprocher massivement de la droite politique française à cause de son tropisme anti-Islam généralisant.

 

Danny Leder, 24/9/2023