L'incompréhensible cafouillage des services de sécurité autrichiens: bourde ou manoeuvre de fonctionnaires d'extrême-droite dirigée contre le gouvernement?

Des révélations sur le cafouillage des services de sécurité autrichiens à la veille de la tuerie djihadiste de Vienne qui a couté la vie à quatre personnes et blessé 23 autres, viennent d'ébranler l'opinion autrichienne. L’Anti-terrorisme autrichien avait l’auteur de l’attentat de Vienne, Kujtim Fejsulai (un jeune homme de 20 ans, Autrichien né dans une famille albanaise originaire de Macédoine) déjà dans le collimateur depuis longtemps. Les enquêteurs savaient que Kujtim tentait de se procurer de la munition pour des armes de guerre, qu’il continuait à entretenir des contacts serrés avec des personnalités de la mouvance djihadiste et qu’il fréquentait un lieu de prière que même le magazine viennois « Falter » (plutôt opposé à trop de mesures coercitives vis-à-vis de la mouvance islamiste) classifie de « repaire d’extrémistes ».

En sachant tout cela, il est incompréhensible que les fonctionnaires de l’Anti-terrorisme autrichien n’aient pas alerté la justice, dans la mesure ou ses agissements auraient ramené Kujtim illico en prison. En effet, Kujtim jouissait d’une libération conditionnelle après avoir été déjà condamné et emprisonné pour avoir tenté de rejoindre « l’état islamique » en Syrie.

S’agit-il d’une « simple » bourde ? Ou y aurait-il une manœuvre de la part de fonctionnaires liés à l’ancien ministre de l’intérieur, Herbert Kickl, un des leaders du parti de la droite radicale, le FPÖ. Manœuvre qui aurait eu pour but de laisser les djihadistes agir pour entamer le crédit du gouvernement actuel (une alliance entre le ÖVP, c'est à dire le parti conservateur du chancelier Sebastian Kurz et le parti des Verts. Ce gouvernement avait remplacé, début 2020, la coalition antérieure entre les Conservateurs et le FPÖ). Ou alors, des membres de l'Anti-Terrorisme, liés aux Conservateurs ou au FPÖ, ont voulu déstabiliser la ministre de la justice, Alma Zadic, issue d'une famille de réfugiés bosniaques et membre du parti des Verts, en lui faisant porter le chapeau de la libération anticipée de Kujtim et du manque de réactivité à son égard - dû évidemment à la rétention d'informations de la part des services de sécurité en charge de la surveillance de Kujtim.

Les investigations des médias, notamment de la part du très remuant magazine « Falter », le diront.
                                                                                                                                     D.L.


7/11/2020